Réalités
Entre Cahors & Montcuq-Août 2006
Je
n'ai jamais su conduire. Je préfère être à la place "du mort" pour
pouvoir regarder et rêver. Parfois durant la nuit, je me vois seul au
volant d'une auto que je pilote brillamment. Je n'ai pas peur des
voitures mais des automobilistes, de leur rêves qui pourraient éteindre
le mien à tout jamais...et puis cela demande trop de concentration et
je n'ai pas de temps pour ça (quand je serai plus grand peut être...).
Je crois que je suis tout simplement trop rêveur pour être un bon
conducteur, je préfère donc le poste de passager. J'aime parler au
conducteur, faire le Disc-Jockey pour ne pas qu'il s'endorme.
Je
fais toujours un parallèle entre automobile et cinéma...le véhicule me
permet, à travers le viseur du pare brise de me promener dans la
réalité comme dans un immense travelling passif, mené par un chef
opérateur qui connaît ma destination et risque sa vie pour m'y emmener.
Traverser une ville inconnue et alors comme découvrir un film nouveau
dans un cinéma totalement inconnu. Dans le titre du film il y a les
mots: espace et temps, j'ai oublié la suite...
Cette auto parle
aussi des solitudes multiples, de la qualité de vie de nos
provinces..et du temps que l'on fige par la volonté de notre oeil à
notre index unis. La 4L me parle d'un Jacques Tati imaginaire, de ceux
que l'on n'osera jamais prendre en photo (par respect) et dont on se
souviendra le regard, la verve et la malice à tout jamais.
Dans
cette voiture nous étions 4, à l'instant même au 4 coins de la France.
Cette route n'est pas un décors de cinéma, je suis chez moi immobile à
écrire ce texte et je pense à ce lieu que j'ai croisé un seconde et aux
personnes que j'y ai rencontré...et elles me manquent inlassablement.