La parabole des oiseaux
Villeneuve la Garenne-Juin 2006
J'aime
prendre des photos de tous les animaux de la création et surtout des
oiseaux, car ils sont très proches de nous, mais à notre différence ils
sont libres de s'envoler à l'instant même et de nous laisser tout bête,
la tête en l'air à essayer de retenir leur souvenir.
Contrairement
à nous humains, les oiseaux se moquent de paraître, d'avoir l'air, de
poser, de préméditer ou de faire semblant. L'oiseau est lui même, il
est là pour se nourrir, dormir, défendre son territoire, procréer,
donner naissance et mourir le plus tard possible. L'oiseau n'a pas peur
de la mort, son instinct lui dicte de rester en vie de toutes les
façons possibles, envers et contre tous, c'est tout...
Souvent,
je montre des images qui sont des paraboles, la photo d'une usine
désaffectée parle de ma solitude, de cette solitude magnifique que seul
les vagabonds et les poètes connaissent. Pour devenir un poète il faut
oublier de penser et redevenir un animal d'instinct, de muscles
sensibles, de nerfs intelligents, respecter l'harmonie et savoir se
perdre tout simplement ...il faut aussi oublier que la crasse est sale
et ne voir en l'image de cette dite usine que les traces d'un abandon,
rechercher les fantômes ouvriers et les machines devenues symboles.
C'est mon oeil qui rend cela beau et vibrant comme un opéra éphémère,
sacré et microscopique. Ma quête ? capturer des instants d'éternité et
découvrir le secret de l'invisibilité !
Dans le même temps pour
faire le travail que je fais il faut être un architectecte, le témoin
et l'artiste de ces visions, être absolument ouvert et concentré sur le
monde extérieur. J'ai placé toute mon ancienne spiritualité en ma
vision et ma démarche, mon approche mentale et physique du sujet...je
ne suis pas photographe, l'appareil n'est qu'un outil, l'expérience de
vie est plus importante que l'image qui n'est là que pour marquer le
passage d'une étape dans mon initiation !
Entre cette image
d'usine que j'évoquais et ce canard se reposant à l'ombre d'un arbuste
il y a un point commun, le cadrage vertical et le fais de devoir faire
l'effort de baiser les yeux puis de les faire remonter jusqu'au noir le
plus profond ! ce que je vois et capture ne me semble pas exceptionnel,
mais je sais que je suis à la fois le gourmet, le dégustateur et le
maître cuisinier de toutes ces images...mon restaurant est grand
ouvert, libre ici et là sur internet !
Les animaux ont une
sensibilité extrême pour survivre et ne pas être dévorés, un sens inné
pour composer un nid, être libres collectivement, fiers et toujours
noblement beaux et propres. Moi cette haute sensibilité je la met au
service de ma création, je suis mon instinct le plus extrême pour que
mon oeil et donc mon coeur reste attentifs à chacune de mes sensations
profondes et comme en écho au monde extérieur, à la tribu humaine.
Je
suis donc libre d'être seul à l'instant, tout en travaillant à l'amour,
à l'idée de me remettre le coeur à vif et à sang, tout en protégeant
instinctivement ce coeur que je sais sensible, vitriolé de fierté
désirante.
L'amour dirige t'il le désir ou le désir l'amour ? quand je suis amoureux, suis-je plus animal ou humain ?
Je
suis l'enfant et l'animal, libre d'être là parmi les hommes et
l'instant d'après dans un ciel, loin de toute raison et vide de
remords, totalement fou d'être moi même...
J'aime les oiseaux car ils font mon coeur libre et enfantin, ma prunelle vive et mon sourire imaginaire.
Photo
réalisée le 9 juin dernier à la ferme du parc des Chanteraines à
Gennevilliers prêt de Paris et tout prêt de chez moi...