Cristal clair
Près de Paris-01-2006
Difficile
de trouver un titre pour cette image, alors c'est un mélange de sons,
de musiques qui m'ont amenés à "Cristal clair". Ici il y a un côté
froid et baroque et j'ai pensé au titre d'un morceau extrait du dernier
album de New order: "Crystal", et puis j'ai pensé à Dark Crystal...mais
c'est le titre d'un film culte incontournable. Alors mon esprit est
reparti en vadrouille et il est tombé sur le titre d'un chanson
géniale des B52's (un groupe psychédélique des années 80) :
"Planète claire". Voilà comment peut naître un titre d'image, parfois.
Celle
ci à été réalisée tout prêt de chez moi, dans ma petite banlieue
Parisienne. Ce paysage et cette nature morte ne sont pas bucoliques,
mais plutôt urbains. L'endroit est difficile d'accès et des clochards
dorment parfois sous un vieux pont à quelques dizaines de mètres de là,
pour le reste c'est un "No mans land", un cul de sac se terminant d'un
côté par le mur antibruit d'une autoroute et de l'autre par des
pavillons habités par des êtres méfiants, habillés à la mode des années
1975...à la "Deschiens" de Canal+ exactement oui !
Il
fallait que je sorte de chez moi à tout prix et l'appareil photo était
l'excuse idéale pour aller faire un tour. J'avais repéré ce parcours il
y a quelques mois, lorsqu'avec un pote nous avions joués aux petits
explorateurs du dimanche. A la fin de cette ballade je m'étais engueulé
gravement et définitivement avec ce dit "pote", un sale raciste de
troisième catégorie comme il en existe des millions dans
l'hexagone...étrange de se rendre compte que nos potes sont des cons !
Je
suis sorti de chez moi la tête tellement vide, que marcher dans une
simple flaque d'eau aurait tenu de la félicité la plus essentielle !
j'ai marché et je me suis presque perdu tout près de chez moi, dans des
coins et recoins que Louis Ferdinand Céline aurait adoré, le cloaque
propret de cette sale banlieue qui m'a vu naître et quasiment crever la
gueule ouverte depuis plusieurs années.
Je suis donc monté sur les
hauteurs, entre un jardin potager à l'abandon et une autoroute aveugle.
De là je pouvais admirer ma ville, risible comme la scène
monstrueuse d'un train électrique géant, planté en plein champs
d'immeubles et de vide locatif. Ouai, cette ville que ma soeur voulait
quitter depuis des lustres et qui finalement retient ces cendres à tout
jamais, à cinquante mètres de son ancien appartement, dans un cimetière
glauque qu'elle maudissait puisqu'elle pouvait l'admirer chaque jour de
la fenêtre prophétique de sa propre cuisine. La vie est parfois un non
sens absolu et le destin un chien enragé salement rancunier.
Ce
jour là mon cerveau était absolument vide, mon corps aurait eu besoin
d' une larme d'amour et d'une relation non virtuelle avec une femme
inconnue de tout horizon...quelqu'un d' absolument absent ce jour là,
de ma tête, de mon corps et de ma vie.
Ne pouvant étreindre une
bien aimée idéale, un après midi de Janvier, j'ai créé cette image pour
dire la misère et le vide, la fierté absolue d'être dans la marge,
poète par désespoir et noir mysticisme plutôt que par douceur
intellectuelle.
Voilà l'histoire de cette image si intemporelle et si belle ! C'est tout...